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16/12/2012

Un peu de loyauté dans les rapports sociaux ne ferait pas de mal

Florange pose d’énormes problèmes dans la façon de gérer la survie des entreprises dépendant de groupes mondialisés. Si j’ai très mal vécu ce qui restera un mauvais feuilleton, il faut éviter les jugements péremptoires. Je trouve aussi excessifs les propos de ceux qui contestent la position gouvernementale que ceux tenus par Montebourg sur Mittal ou la nationalisation.

Les syndicalistes viennent de prendre un gros coup sur la tête. "Putain, les traitres" lâche, épuisé, Edouard MARTIN, en écoutant le Premier Ministre. « Je ne dirai pas cela » répond Laurent BERGER, le nouveau secrétaire général de la CFDT, qui prend le gouvernement au mot et exige des garanties. Il faut dire qu’après Gandrange, la CFDT n’est pas prête à avaler des couleuvres.


Dans ce conflit social, nous avons eu la désagréable impression d’assister à un jeu de dupes. Le Premier Ministre « ne veut pas semer d’illusions », pourquoi alors avoir laissé son ministre en semer à la pelle ? Ma conception du dialogue social exige la confiance, donc un rapport de vérité entre les acteurs. A voir les réactions des syndicalistes de Florange, il y a eu, me semble t’il, quelques problèmes de loyauté dans les relations avec le gouvernement.

Un peu de lucidité, conseillait pourtant à la prudence.

1. Le marché de l'acier n'est pas florissant et rien ne laisse augurer une amélioration dans les prochain mois.
2. Mittal c'est 260 500 salariés dans le monde, Lakshmi MITTAL n’a pas mis tous ses moyens dans la sidérurgie française.
3. Florange c'est 630 salariés sur les 20 000 salariés français de Mittal. Si je pensais aux salariés de Dunkerque ou de Fos sur Mer, les ministres devaient bien y penser aussi.
4. Le repreneur fantôme pouvait-il avec le seul site de Florange récupérer le marché du géant Mittal ? Le savoir faire d'un site industriel sidérurgique est-il si unique et indispensable quand depuis déjà plusieurs mois il est en sommeil.
5. La menace de la nationalisation déjà qualifiée de "temporaire" ne démontre t-elle pas une surestimation du pouvoir politique que Jospin avait déjà en son temps appris à ses dépends.
6. Le projet Ulcos était il suffisamment avancé pour en faire une clause du compromis passé avec Mittal ?
Je vais m'arrêter là, mais franchement, jouer à ce petit jeu des faux rapports de force est socialement et politiquement dévastateur.

Sans vouloir à tout prix, appuyer là où ça fait mal, il faudrait quand même arrêter les annonces tonitruantes.PSA Aulnay, c'est la disparition totale du site, quid de DOUX avec la fermeture définitive du site de Grincourt où l'on nous a fait rêver d'un repreneur iranien (alors qu'il y a embargo). Quid de SANOFI, FRALIB, PETROLUS et de bien d'autres.

Le bon dieu n'existe pas en politique. Le politique peut réguler l'économique, il ne peut pas le dompter. Les syndicalistes qui se battent, dos au mur, croiront toujours les décideurs qui leur promettront le maintien de leur emploi, mais ils auront toujours la rage et la haine quand ils se sentirons trahis, ou tout simplement avoir été menés en bateau..

A Florange, mon ami Edouard Martin n'est pourtant pas né de la dernière pluie, il a de bonne foi, fait confiance au ministre. Les dirigeants de la cfdt ont fait leur boulot auprès des ministères en obtenant le maintien des emplois. Ce sont tous des syndicalistes responsables, adeptes de la négociation, des hommes de parole, attention de ne pas briser dans l’œuf les heureuses promesses de cette nouvelle génération de syndicalistes.


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