30/10/2012
Quelques lueurs dans un ciel blafard
Tribune parue dans la Croix du Nord
Le rédacteur en chef demande mon avis sur la rentrée sociale en essayant de trouver quelques lueurs d’espoir. J’ai cherché et j’ai vite trouvé.
« Il est sorti, la tête haute », c’est ce que me dit cette conseillère du salarié qui vient d’accompagner un jeune licencié par son patron pour lui avoir dit « ça, c’est du n’importe quoi ». Elle a réussi à négocier une séparation amiable et ce jeune qui avait été choqué par la violente réaction de son patron est reparti avec la dignité de ne pas avoir été licencié.
Eh bien, tant qu’il y aura des femmes comme ça, le monde sera moins dur et peut-être plus acceptable. Un militant peut changer la face du monde, en tout cas je sais qu’il peut changer la face de celui qui arrive broyé par l’injustice et repart debout, avec un brin d’espoir. Ces militants de l’ombre sont autant de lueurs dans le ciel gris de cette rentrée, où nombreux sont les femmes et les hommes convoqués à un entretien préalable au licenciement.
Laurent Berger, ancien leader de la JOC à la tête de la CFDT. Encore un moment qui m’a réchauffé le cœur, ce mercredi le remplaçant de François CHEREQUE à la tête de la CFDT était à Lille. Quel bol d’air frais ! Un jeune de 44 ans à la tête de la CFDT, qui plus est, un ancien président national de la jeunesse ouvrière chrétienne. Un militant de 2012, pétri de valeurs et de pragmatisme, quand il dit aux militants exigeants « sur les contrats de génération, vous pouvez me demander de négocier une usine à gaz, bordée de partout, mais au bout si aucun jeune n’est embauché – vous avez gagné quoi ! »
J’applaudis aussi quand il dit « notre signature au bas d’un accord ne doit pas relever de la tactique, soit l’accord est bon pour l’intérêt des salariés soit il ne l’est pas ».
Laurent BERGER est aussi celui qui porte l’idée des « droits rechargeables », il a pris conscience que les salariés changent d’entreprise parfois plusieurs fois dans la vie, il souhaite que les droits sociaux ne soient plus rompus avec le contrat de travail…Voilà une idée géniale que les patrons devraient, me semble t-il, être capable d’entendre.
Le cartable et le cahier de notes de mes petits enfants. C’est la rentrée de mes petits enfants et cela m’a rendu malade. Quand j’ai vu le cartable de 10kg sur le dos courbé du gamin, quand ma petite fille m’a dit qu’elle était minable parce qu’elle avait déjà une mauvaise note, j’ai hurlé.
Aussi quand le Président demande de « rechercher un système d’évaluation pour encourager les élèves » je me dis que ce Président a bien raison de parler de la vraie vie.
Bien sûr qu’il faut revenir à une semaine de 4 jours et demi et n’en déplaise aux parents et des enseignants ce qui compte ce n’est pas la durée du week-end mais l’intérêt de l’enfant ! Même chose pour les devoirs à la maison, source tous les soirs de conflit familial.
Comment les parents d’aujourd’hui qui ont vécu des journées de travail stressantes peuvent-ils éliminer leur stress auprès d’un enfant qui ne comprend pas l’objet de son devoir. Arrêtons de parler de la famille soit disant idéale d’après guerre, vivons avec notre temps. Moi je le dis, pour mes petits enfants les devoirs faits à l’école c’est la solution.
Merci Monsieur le Président de la République pour cette lueur d’espoir.
0,15% de TVA payés par les retraités pour la dépendance. Je suis à 200% pour et je suis retraité ! Je ne comprends pas tous les retraités qui se plaignent et qui ont même manifesté jeudi dernier ! Depuis les années 2000, le niveau de vie des retraités est légèrement supérieur à celui des actifs. Cela veut dire que les retraités gagnent autant que leurs enfants qui travaillent. Le système de retraite par répartition a ceci de particulier que notre retraite ne dépend pas de ce que nous avons financé mais ce que nos enfants payent en cotisation retraite, ce sont nos enfants qui financent nos retraites.
Nous savons aussi que les retraités sont plus souvent malades et deviennent un jour ou l’autre dépendants. Alors trouvons-nous normal qu’en période de crise ce soient nos enfants en activité qui payent les coûts de la dépendance ? Moi non ! Et en plus les retraités paient beaucoup moins de CSG que les actifs. Alors la proposition de Marisol TOURAINE est pour moi une toute petite lueur car j’aurais été beaucoup plus loin dans le financement de la dépendance.
Les accords de sauvegarde de l’emploi. Nous voyons actuellement de grands groupes industriels exiger une renégociation des accords sociaux en contrepartie d’investissements industriels.
C’est le cas de Sevelnord où Peugeot Citroën s’engage à réaliser le nouveau véhicule « K-zéro » dans le valenciennois à la condition d’une modération salariale et d’une meilleure flexibilité des horaires de travail. Nous voyons ici l’impact de la crise sur le coût du travail.
A Sevelnord les 3 syndicats qui ont signé l’accord de compétitivité s’interrogent : « et si l’entreprise ne tenait pas sa parole ? ».
Dans cette rentée bien blafarde, heureusement que des militants associatifs, syndicaux, des militants de proximité sont là pour entretenir quelques lueurs d’espoirs. Nous avons besoin d’eux.
01:52 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : croix du nord
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