23/08/2012
Eté 2012 : mes phrases fétiches
« J’ai cessé d’être révolutionnaire, le jour où j’ai compris que si je gagnais, je devrais vivre avec mon adversaire » Jacek Kuron.
Quelle jolie leçon de démocratie que nous offre ce dissident polonais, ami de Solidarnosc. Cette phrase résume aussi les combats de ma jeunesse. Je n’ai jamais été communiste, à la CFDT, je me suis battu contre les apôtres inconditionnels de l’analyse marxiste. Non, ce n’est pas aussi simple, il n’y a pas d’un coté les exploités et de l’autre les exploiteurs. La lutte des classes était encore féroce de l’autre coté du mur. Mais toutes ces affirmations relevaient du constat, elles ne construisaient pas une philosophie, une stratégie.
J’ai beaucoup appris des dissidents communistes. Pour les communistes, gagner, voulait dire, éliminer le vaincu. Cette négation de celui qui pense différemment, je la trouve aujourd’hui chez les islamistes. Celui qui ne célèbre pas l’autorité imposée, doit disparaître.
La pensée de Kuron proposait une autre alternative. Il nous invitait à nous battre pour nos idées, tout en respectant l’adversaire.
Il mettait en œuvre ce qu’Edmond Maire disait souvent « la fin ne justifie pas les moyens ». Nous devons nous battre sans faiblir pour nos idéaux, mais à une condition qui touche les conditions de la victoire. Si nous gagnons, ce n’est pas par le chaos mais par le compromis. Si nous gagnons en reconnaissant l’adversaire, nous négocions avec lui les conditions d’une nouvelle coexistence pacifiée. Celui qui gagne affirme vouloir vivre avec son adversaire de manière apaisée et égalitaire.
Voilà, ce qui est ma philosophie de la négociation que j’essaie de transmettre aux jeunes générations d’étudiants, de syndicalistes et de DRH. Ce n’est pas facile car tout le monde recherche la victoire par KO ! Eh bien ce n’est pas cela l’idéal humaniste. Le respect de la personne humaine, construire une société de femmes et d’hommes libres et responsables, respecter les générations futures (respecter son prochain), voilà des idéaux qui nécessitent un combat permanent contre la loi de la jungle, contre l’autorité du plus fort, contre toutes les formes d’exploitation et de domination.
Savoir que si je gagne, je devrai vivre avec mon adversaire….
02:31 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : révolutionnaire, jacek kuron
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