01/08/2011
Aux générations qui n’ont connu que les crises…
Mes filles nées dans les années 70 n’ont connu que la crise. Quand ma génération parle de crise cela sous-entend pour la génération de mes filles qu’il a existé une époque sans crise, où il faisait bon vivre, où le chômage n’existait pas, où la sécurité sous toutes ses formes était assurée.
Que nenni ! Si je me suis syndiqué avant la crise c’est que je n’étais pas content de ma situation, que je gagnais un SMIG jeune légal, que je travaillais dur, que les ouvriers mourraient avant 65 ans, pour aller aux toilettes c’était dehors même en plein hiver et que le Lotus triple épaisseur c’était le papier journal, que dans ma famille de 5 enfants la douche c’était le bain hebdomadaire dans la même bassine !
Je m’élève en faux contre tous les déclinistes qui affirment que « de leur temps » c’était mieux. Non seulement ce n’était pas mieux mais c’était bien pire !
Nous avons (nous les vieux) un devoir de mémoire mais aussi un devoir de vérité. A quoi ça sert de laisser croire que les années 60 étaient plus faciles à vivre que les années 2010 ? Ne serait-il pas plus responsable de vivre avec son temps qui est celui d’aujourd’hui. Mon temps à moi est le même que celui de mes enfants et petits enfants.
Je leur parle d’aujourd’hui, de leurs joies, de leurs peines, de leurs réussites et de leurs difficultés.
Quand ils me le demandent je raconte que le dimanche matin passait le marchand de peaux de lapins, que le brasseur passait avec son cheval et que nous récupérions le crottin… Et je leur dis aussi que j’ai vu mon grand-père pourtant lamineur attraper les merles et les manger dans une pomme de terre au four.
Je ne leur dis pas que c’était mieux, mais je leur dis que nous étions heureux dans notre jeunesse même si nous étions des malheureux.
Je vous écris cela parce que les jeunes français font parti des jeunes les plus pessimistes du monde entier, qu’ils sont moins confiants dans l’avenir.
Et que je crois que notre génération y est pour quelque chose. Cela me révolte.
02:35 Publié dans jeunes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jeunes, générations
Commentaires
Je suis d'accord. Mais le sentiment de bonheur des années 60 vient peut-être (je n'étais pas né a l'époque) du fait que les jeunes avaient un espoir d'amélioration, un sens a leur effort. Vu de ma génération, l'idée de progrès semble caractériser cette époque. On croyait au progrès qu'il soit technique, social ou politique. Aujourd hui l'idée dominante semble plus être celle du déclassement, ce qui est somme toute beaucoup moins optimiste. A moins comme toujours que les réalités soient plus perçues que vécues et que, pas plus que le declassement n'est pas plus réel aujourd hui que l'hypothétique progrès d'hier.
Écrit par : Edouard | 01/08/2011
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