140247

22/03/2011

Quelle est la problématique de la dépendance en partant des chiffres clés ?

Je suis en totale opposition avec ceux qui disent que la dépendance « ça coûte cher ». Ca va coûter très cher pour les malchanceux qui seront dépendants et encore plus pour leurs familles, leurs proches voisins ou amis.

Car la dépendance ne touche pas tout le monde et loin de là. Quand les + de 75 ans représenteront 12 millions de français (2035-2040) ils devraient être 1,5 millions en perte d’autonomie soit 12% de la population concernée et encore sur 70 millions de français ça fait 2% ! !

Il est démagogique de dire que nous finirons tous en chaise roulante ou malade d’Alzheimer ou Parkinson.


Par contre malheur ! Malheur à ceux qui vivront la catastrophe d’avoir un père ou une mère dépendante.

Nous connaissons déjà les chiffres. Un résidant en maison de retraite paie en moyenne 2200 €, le montant maximum de l’APA (allocation personnalisée à l’autonomie) est de 1230 € ce qui est évidemment insuffisant.

Il faut donc trouver, très rapidement, une protection sociale permettant de « sécuriser » les personnes et les familles victimes de ce risque dépendance.
Si j’en crois les différentes sources statistiques, nous consacrons 22 milliards d’euros aux dépenses de la dépendance et il faudrait 10 milliards supplémentaires par an dans les 15 années à venir.

22 milliards pour la dépendance c’est le coût des dividendes versés par les entreprises du CAC 40. Il faut donc raison gardée, un pays comme la France a les moyens de se protéger contre le risque dépendance.

Si l’on regarde maintenant les pistes de financement, il faut déjà sérier les différents niveaux de dépendance.
Nous savons par exemple qu’une personne dépendante à domicile coûte 1800 € pour plus de 2200 € en maison de retraite. Mais à domicile il faut aussi prendre en compte le coût (non facturé) des aidants familiaux ou de voisinage. De même, les spécialistes feront la différence entre les frais de santé, les frais d’hébergement voire les frais dits de confort (coiffure…). Les 700 000 personnes qui touchent l’APA seraient aujourd’hui à domicile pour 440 000 en établissements.

Quoiqu’il en soit en grandes masses nous connaissons les chiffres. Le débat actuel s’il n’est pas insolutionnable sera bien sûr difficile, car toutes les solutions nécessiteront un effort humain, financier et solidaire.

1ère solution : créer un 5ème risque de la Sécurité Sociale financé par une cotisation universelle sur les revenus et donnant droit à une allocation universelle.

2ème solution : obliger tout le monde où seulement à partir d’un certain âge à s’assurer individuellement. Mais tout le monde ne sera pas capable de financer cette assurance (faudra t-il créer une CMU particulière) et les garanties seront différentes suivant le niveau des cotisations versées. C’est la solution du chacun pour soi.

3ème solution : décider d’une usine à gaz mixant plusieurs solutions. La solution idéale pour ne pas décider vraiment !

Ensuite les sources de financement sont connues :

· Une CSG généralisée
· L’alignement de la CSG des retraités sur celle des salariés
· Un prélèvement sur le patrimoine
· La taxation des successions
· Une 2ème journée de solidarité

Voilà comment est sommairement posé aujourd’hui le problème de la dépendance.
Les solutions sont globales et nécessitent l’intervention de nombreux acteurs (nous n’avons pas ici parlé des aides à l’aménagement des logements) mais je veux simplement affirmer que la dépendance n’est pas un problème mais une conséquence de l’heureuse amélioration de notre espérance de vie.

Moi qui ai négocié en 2003 la réforme des retraites, je peux affirmer que le financement de la dépendance est une broutille par rapport à celui des retraites voire de l’assurance maladie.

Commentaires

La réforme de la dependance est certes une dossier d'importance a ouvrir et a débattre mais il est dommageable que le gouvernement actuel fasse monter la mayonnaise sur ce thème et agite les peurs dans le seul et unique but de séduire l'electorat des seniors. Ce thème se prêterait pourtant parfaitement a un débat de société sur la place que l'on donne aux seniors, les solidarités intergenerationnelles, l'accompagnement de la fin de vie.

Écrit par : Edouard | 22/03/2011

Les commentaires sont fermés.