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01/06/2013

Une autre approche du travail

Il est temps de revoir la conception que l’on se fait du travail. Certains ont présenté le
travail comme une source de souffrance « tu gagneras ton pain à la sueur de ton
front », d’aucuns une « source d’exploitation et d’aliénation », d’autres enfin «un
simple moyen au service de la production d’un bien ou d’un service ».

Ces conceptions du travail sont totalement obsolètes. Elles ne tiennent nullement
compte des mutations profondes intervenues dans le comportement des salariés de
plus en plus formés et informés, dans les changements technologiques qui
permettent la mise en réseaux et impliquent de plus en plus une organisation du
travail de moins en moins hiérarchisée et fondée sur des pratiques coopératives.

Le grand défi posé aux entreprises et d’une façon plus globale aux sociétés consiste à
se demander comment faire du travail, de tout travail, une activité non subie mais
vécue positivement. Une telle approche nécessite une triple révolution culturelle.
La première tente de jeter les bases d’une nouvelle conception de l’entreprise
fondée sur l’idée que l’entreprise ne se résume pas à l’idée qu’elle est « un lieu de
production d’un bien ou d’un service » mais d’abord et principalement «une
communauté d’hommes et de femmes qui mettent en commun leur intelligence
et leurs compétences en vue de produire un bien ou un service ».

A partir d’une telle conception le social devient un enjeu autant stratégique que la question
économique, financière ou organisationnelle. Il ne peut plus être considéré comme
une simple variable d’ajustement. Le dialogue social devient alors non pas une
contrainte mais un levier de compétitivité.

La deuxième vise à sortir de l’idée que le travail serait un coût alors qu’il faut le
voir de plus en plus comme un investissement d’importance au moins égale à
l’investissement technologique ou technique. Investir dans la formation, dans le
progrès des qualifications, dans l’amélioration des conditions et de l’organisation du
travail, dans des salaires décents a certes un coût mais garantit un retour sur
investissement parce qu’il contribue à une implication plus grande du corps social
dans la mise en oeuvre de la stratégie de l’entreprise.

La troisième enfin consiste à libérer la parole dans l’entreprise. Permettre aux
cadres, mais aussi à tous les salariés de donner leur avis, de les associer le plus en
amont possible aux choix organisationnels, à l’organisation du travail, les inciter à
s’exprimer sur le contenu de leur travail et à voir comment le changer et le rendre
plus humain est un enjeu à la fois démocratique mais aussi d’efficacité et de
compétitivité pour l’entreprise.

En effet libérer la parole c’est aussi libérer l’intelligence trop souvent bridée
par des rapports hiérarchiques et des modes de management d’un autre âge.
C’est se donner les moyens de faire de l’innovation une préoccupation
concrète.

Une telle transformation culturelle suppose bien entendu des instances de
gouvernance des entreprises ouvertes à d’autres compétences que financières,
économiques ou techniques. Un dialogue social associant les représentants du
personnel le plus en amont possible aux choix stratégiques et organisationnels.
Des managers formés aux sciences sociales et des représentants du personnel qui
acceptent de s’engager dans la recherche des nécessaires points d’équilibre entre la
réalité des contraintes économiques et les aspirations du corps social.

Newletter de Jean Kaspar

01:54 Publié dans A lire, Travail | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kaspar