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14/01/2014

Raconte ta vie avec Pierre Rosanvallon

Le Parlement des Invisibles est le titre du dernier ouvrage de Pierre Rosanvallon. Ce livre est une des pièces d’un puzzle très novateur qui est en train de se construire sur internet, autour du site Raconter la vie.fr.

En pleine effervescence autour du triste clown qu’est Dieudonné, alors que la haine semble plus faire sens et lien social que l’adhésion à un projet commun, cette initiative citoyenne est une extraordinaire source d’espoirs.

Des dizaines de citoyens, d’invisibles, font le choix de se raconter, dans de petits ouvrages ou de courts récits. L’ensemble maille une réalité complexe, faîte de vécus, de facettes d’existence, de ces bouts de vie qui font, pour chacun de nous, toute notre vie.


Ce projet n’est pas anodin. La société française est aujourd’hui largement désenchantée. Elle a le sentiment de ne pas être écoutée et comprise par un monde politique qui plane au-dessus de la réalité et vit en vase clos. Faute de percevoir un horizon, elle est aussi minée par les peurs et les crispations identitaires.

Pierre Rosanvallon note magistralement que ce projet « À rebours d’une telle vision négative du lien social qui n’opère que par soustractions et rejets », peut permettre une reconstruction positive d’un monde commun, reconnu dans sa diversité et dans sa réalité.

Je soutiens pleinement cette initiative qui s’inscrit dans la même veine que notre projet de vigie. Dans les deux cas, le réel est raconté sans le prisme de l’idéologie politique. Dans les deux cas, il peut permettre d’exprimer les crispations sociales de manière non violente et constructive.

Plus encore, dans sa forme, ce projet nous rassure sur la force de l’écrit. Certes le format est dématérialisé, mais les témoignages ne se résument pas à 120 caractères ou à un post sur un « mur » d’un réseau social.

Ces gens prennent le temps de se raconter. Prenons le temps de les lire, de les entendre, et plus encore ensuite, d’échanger avec eux. De ces débats pourra naître un Parlement des invisibles tout autant légitime dans son expression que notre Parlement national. J'espère simplement que cette expression sera écoutée et reprise par nos élus politiques et décideurs économiques. Dire sa vie, raconter , "vis ma vie", voilà de nouvelles techniques simples pour comprendre la complexité de nos réels.

12:22 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre rosanvallon

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