15/10/2013
La révolution de l'Amour
C'est le dernier livre de Luc Ferry.
Passionnant, voici quelques lignes d'une interview qu'il a accordé à la Revue La Cohorte
Question : quelles furent, par contraste, les principales causes sacrificielles, les motifs de mort violente et massive dans le passé ?
Réponse : Dieu, la patrie et la révolution. Les guerres de religions, les guerres nationalistes (la dernière en date fit plus de cinquante millions de morts) et les guerres révolutionnaires (le communisme fera au bas mot cent vingt millions de morts de par le monde) furent l'indice de ce que l'humanité tenait pour sacré.
Or, sans qu'on semble même s'en étonner, ni tirer les conséquences morales, politiques et philosophiques, ces trois motifs de sacrifice ont, en peine un demi siècle, quasiment disparu de notre vieille Europe.
Ils subsistent ailleurs, hélas, mais pas chez nous. Au point même que leur liquidation suscite des nostalgies, à droite du patriotisme, à gauche de la folie révolutionnaire.
Est ce dire pour autant, comme le pense toujours cette conscience malheureusement qui perçoit ce qui passe et jamais ce qui naît, que nous vivons l'ère du repli "individualiste" sur la sphère privée et la fin des "grandes causes" ? C'est tout l'inverse. A vrai dire, c'est plutôt le nationalisme qui n'était jamais qu'une "petite cause", particulière et limitée par nature à un médiocre coin du monde, tandis que, de son coté, l'idée révolutionnaire tournait toujours au bénéfice d'une caste bureaucratique, elle aussi particulière, celle du parti au pouvoir. La révolution de l'amour entraine un souci d'une tout autre ampleur : celui des générations futures.
Question : quel monde, nous les adultes, prendrons nous la responsabilité de laisser à ceux que nous aimons, à notre jeunesse, c'est à dire à l'humanité qui vient ?
Réponse :voilà la question qui rouvre à nouveau l'avenir. Et ce n'est pas seulement d'écologie qu'il s'agit, mais tout autant de la dette publique, du choc des civilisations ou de l'avenir de la protection sociale dans ce jeu de dumping qu'on appelle la mondialisation.
Bref, c'est bien d'une grande cause qu'il est question, à moins qu'on ne tienne le souci de l'humanité à venir pour un dessein de piètre envergure.
En quoi nos temps qu'on dit "désenchantés", sont moins médiocres qu'on ne pense.
05:23 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : luc ferry
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