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20/05/2010

Ce que je pense du document d'orientation proposé par le gouvernement aux partenaires sociaux

Surpris. Oui, j'ai été surpris par la tonalité, le contenu pédagogique et même par le mot engagement.

Je ne m'attendais pas à un texte "clés en main", ficelé quasi définitif. Négociation ou consultation oblige, nous n'en sommes encore qu'à la phase où chacun exprime ses objectifs mais nous entrons dans le vif du sujet. Chaque mot compte et les engagements de départ nous remontent à la figure en fin de parcours.


Oui, ce texte est pédagogique. Résumer en 17 pages le constat et 14 engagements est un exercice que je n'attendais pas d'un ex ministre du budget. En 1960 il y avait 4 travailleurs pour financer une retraite aujourd'hui il n'y en a plus que 1,7 et demain 1,5, les déficits hier prévus pour 2030 sont ceux de 2010, etc... c'est un petit chapelet de chiffres et de bon sens.

Ce texte engage le gouvernement de 2 manières, le gouvernement engage le débat de société et en même temps il s'engage sur 14 orientations.

L'engagement sociétal (oui je sais certains diront des mots toujours des mots, le négociateur sait que chaque mot compte mais y a-t-il négociation ?) oui le texte dit "c'est une réforme de société". Et je cite toujours : "une société dans laquelle l'égoïsme entre les générations n'a pas sa place avec son premier engagement le rejet pur et simple de la capitalisation trop sensible aux marchés" et "qui n'apporterait pas de réponse aux difficultés actuelles" Pour moi ce passage est décisif, en 2003 la CFDT et la CGC ont obtenu que la répartition était l'avenir de nos retraites cet acquis fondamental semble être garanti.

Mais ce texte est aussi très adroit , habile car au bout ces 14 engagements font système.

D'abord, il faut revenir à l'équilibre et cela passe par une réforme paramétrique mais ce texte n'écarte pas "pour le long terme" une réforme systémique seule capable de rendre "le système plus transparent et plus lisible". En matière de retraite nous sommes sur le temps long-toujours-.

Le gouvernement ne touchera pas au montant des pensions -ok mais tel qu'il évolue aujourd'hui c'est à dire avec une baisse tendancielle du taux de remplacement entre le dernier salaire et la première retraite.

Le gouvernement met (aujourd'hui) un préalable à toute augmentation des cotisations salariales pour risques sur l'emploi et le pouvoir d'achat. On verra !

Le gouvernement veut "répondre à un déséquilibre démographique par des solutions démographiques" la pire des langues de bois pour annoncer le recul de l'âge dit légal de la retraite à 60 ans et l'augmentation du nombre de trimestres requis ! Tout le monde l'a lu, vu et compris.

Ensuite quelques engagements de bon sens sur l'emploi et l'utilité des seniors mais aussi un passage fort intéressant sur la pénibilité qui serait traitée individu par individu. A voir peut-être une sortie de ce problème social que la négociation entre patrons et syndicats n'a pu conclure.

Enfin, il y a ce chapitre sur l'équité et la solidarité. C'est là le passage le plus flou. Il y a de tout et surtout de rien. Faire payer les revenus du capital c'est quoi la CSG que nous paierons tous, salariés, retraités, nantis ou est-ce un prélèvement sur cette caste d'extra terrestres qui touche des 100 000 euros et beaucoup plus par an voire par mois !

C'est quand même là que ce gouvernement est attendu.

Commentaires

Bonjour

Surprise, surprise...

Oui on peut se demander à quoi servent tous ces RDV médiatisés...peut être (pour c'est une clause de style) à préparer l'opinion.
La lecture des engagements renvoie à une certitude : les mesures démographiques à savoir l'age de départ et le nombre d'années nécessaire pour obtenir la retraite. Le gouvernement a besoin des 2 et notamment de la première c'est celle qui réduit le plus vite le déficit...Ce qui relève comme il le dit du bon sens ne sert qu'à disqualifier les autres acteurs et à justifier les mesures contraignantes sans s'interroger sur les inégalités de notre système actuel..
Le COR a été utilisé pour dramatiser la situation qui par elle même est déjà assez grave...mais à trop en faire le gouvernement se trouve piéger: toutes les mesures démographiques ensemble ou séparément n'arrivent qu'à résoudre au plus que la moitie du problème...c'est pourquoi tout le monde demande des mesures sur les ressources, ce que le gouvernement refusait...
D'accord avec la remarque sur la garantie des pensions; la main sur le coeur le ministre s'y engage ...dans le cadre du dispositif actuel qui rogne chaque année les pensions...sur ce chapitre le PS ne dit rien : c’est un dispositif, si je me souviens bien, hérité de BEREGOVOY...
Le gouvernement annonce pour plus tard et de façon subliminal une réforme systémique ; celle-ci n'a de chance d'aboutir que si elle est l'élément constitutif de la réforme et les mesures démographiques de court terme se justifient dans l'attente d'abord d'un consensus national et ensuite d'une mise en oeuvre progressive...Si on veut enterrer la reforme, la méthode choisie est la bonne.
Quant au PS il insiste sur les ressources sans s'engager sur les mesures démographiques...au passage il valide la réforme de 2003, il y a tjrs une place auprès du seigneur pour les repentis!!!
Mais les mesures fiscales sont souvent sur des assiettes volatiles ; il n'y a aucune réflexion sur le système par répartition qui suppose un financement contributif, l’impôt ne prenant en charge que le non contributif...
Les politiques droite ou gauche n'ont qu’une vision électorale du problème des retraites...l'aspect sociétal, l'économique, les sujets dépendances ...ne sont pas abordés

Écrit par : alliance59 | 22/05/2010

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