Retraites, négos sociales, dialogue intergénérationnel...

Mais avec Monsieur Depardieu, le plus choquant est que ce sont les salariés français (notamment les smicards) qui ont cotisé sur leurs salaires pour rémunérer les salariés du cinéma. Je m’explique.
Dans les années 2000, j’ai négocié plusieurs accords nationaux sur l’indemnisation du chômage et j’ai alors découvert le scandale du statut d’intermittent du spectacle.

Un artiste ou un technicien du spectacle capable de justifier de 507 heures de travail est indemnisé 8 mois. L’indemnité est versée par les Assedic, ils cotisent donc pour les salariés du spectacle. Ce système est très avantageux mais il installe les salariés du spectacle dans une forme de précarité à vie. Tous les salariés du privé cotisent aux Assedic. Dans le déficit de l’Unedic, un tiers est du à ce système des intermittents, la Cour des Comptes estime à 9 milliards, le déficit cumulé de ces 10 dernières années, pour 100 000 bénéficiaires quand il y a 2 millions d’allocataires des Assedic. En moyenne, les indemnités annuelles versées aux intermittents du spectacle se sont élevées à prés de 12 000€ en 2010, avec une forte dispersion car les plus grandes indemnités représentent 40 000€ par an !

Monsieur Depardieu a, à juste titre, émargé pour toucher ce chômage très particulier. Il a donc été rémunéré avec les cotisations prélevées sur la fiche de paie des salariés du privé (ces fameux prélèvements obligatoires qui justifieraient la fuite à l’étranger de certains privilégiés). Même les intérimaires et CDD du privé ont financé le système.

Faut-il encore rappeler, combien la solidarité nationale aide l’industrie du cinéma avec tous les fonds publics comme le Centre National de la Cinématographie et les aides des chaînes publiques (financées par la taxe audio visuelle) à la réalisation de la pluparts des films. Sans ces aides publiques, sans les Assedic , Monsieur Depardieu n’aurait pas pu réaliser la carrière qui est la sienne.

Et quid de l’action des syndicalistes qui utilisent le budget des œuvres sociales pour faciliter l’accès aux salles, en finançant une partie des chèques cinéma…

J’ai eu l’occasion de croiser pendant toute une semaine l’intéressé. J’ai bien vu que nous n’avions pas les mêmes valeurs, ni la même éducation et c’est peu dire !

Voilà pourquoi je dénonce le comportement de ceux qui décident de se soustraire à la fiscalité française en achetant une habitation à quelques mètres de la frontière. Les prélèvements sociaux et fiscaux de l’Etat et des collectivités territoriales servent à financer l’économie, sans cela nos industries seraient mal en point. Sans évoquer ici les budgets de l’éducation ou de la santé qui ont, et c’est justice, financé la formation et les soins de Monsieur Depardieu et des membres de sa famille, tous ces budgets font le bien vivre en France.

Je n’oublie pas non plus qu’en Belgique, la fiscalité payée par les salariés est très lourde, par contre la fiscalité des grandes fortunes est très attractive. Il n’y a pas de recette, il y en a toujours un qui paye le privilège de l’autre. Pauvres riches ! !